Pourquoi lire ?

Rappelons une évidence : l’école faillirait à sa mission si elle ne donnait pas aux élèves le goût des récits.

Au-delà du souci pédagogique, parfaitement légitime, de faire accéder nos élèves à une maîtrise suffisante de la langue, l’acte de lire des récits aboutit à une double aspiration : informer et former.

Les enfants et les adolescents sont avides de connaître ce qu’ils ne peuvent pas vivre du fait des limites de leur expérience. Les récits peuvent assouvir cette soif de connaissance.

Tout récit véhicule un savoir dont nos élèves ont besoin et particulièrement un type de savoir parfois « non-grata » dans certaines sociétés.

Tous ce qui concerne l’expérience humaine peut être abordé, sans tabou, par l’œuvre de fiction : à titre d’exemple Le journal d’un clone de Anne –Liger Belair, Fareinheit 451 de Ray Bradbury,1984 de l’anglais George Orwell nous disent bien plus long sur le racisme, le totalitarisme et les dérives de la science que certains écrits rébarbatifs et insipides sur ces questions.

Balzac, Dickens, Dib, Faulkner, et bien d’autres encore , disent mieux leur société respective, à travers les épreuves individuelles de leurs héros, que tous les historiens et sociologues contraints par leurs disciplines à évacuer tout espèce de plaisir du texte.

L’accès à une connaissance n’est pas le seul avantage de la lecture d’œuvres de fiction.

La lecture joue un rôle plus fondamentale dans la structuration de la personnalité de l’enfant et de l’adolescent. La variété de modèles et de contre-modèles d’êtres humains présents dans les fictions ouvre à nos élèves plus de possibilités d’épanouissement que ceux que propose le show-business avec ses « idoles » standardisées, fabriquées de toutes pièces, sans consistance.

De nombreuses générations ont rêvé d’être Gavroche, Cosette, Tom Sawyer ou Robinson et   revivre leurs aventures est une manière de se préparer aux aléas de la vie.

Par ailleurs, de nombreux psychologues insistent sur le rôle majeur de la lecture dans la préparation à affronter les problèmes de la vie : l’identification ou la distanciation permettent à l’enfant et à l’adolescent d’affronter par l’imagination des épreuves terribles et, par-là, de se purger de certaines angoisses propres à leur âge. Les contes, par exemple, ne sont pas seulement divertissants mais sont aussi un moyen par lequel l’enfant évacue ses peurs qui sont autant d’obstacles à son désir d’agir.

En définitive, les héros de fiction visent à conquérir leur liberté, à rompre les liens, tous les liens, qui les empêchent de vivre la vie qu’ils ont choisie. N’est-ce pas ce à quoi aspire tous les jeunes ?

Pour toutes ces raisons, faisons en sorte que la bibliothèque soit au centre de la classe et non pas à sa périphérie.